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« Allo Hello Içi Louisa One depuis Les Açores »
Nous y sommes. J'ai envie de rajouter: enfin!
A 23h le Samedi 02 Juin nous passons les feux rouge et vert du port de Horta sur l'Ile de Faïal.
Pour nous accompagner et fêter notre arrivée, des rafales à 35 nds se sont invitées! Merci! Mais même plus peur, avec ce qu'on s'est pris dans les dents pendant la traversée, on est blindé!
Le port étant plein à craquer, avec déjà de nombreux bateaux à couple, et oui c'est la saison des grandes migrations vers l'Europe, nous avons donc jeté l'ancre pour la nuit, c'est plus raisonnable.
Nuit entière quand je te tiens, je te garde!! 8h de dodo d'affilé c'est du grand bonheur. Même pas un sursaut pour une visu 360°. Rien que du dodo, pur, fini les ¼ c'est quand même bien de s'oublier un peu, hein Lolo?
19 jours et quelques heures, de lutte entre choix de route et esquive de dépressions.
Nous avons géré au mieux la traversée de l'Atlantique tout en étant soumis au hasard de la météo,
notre vitesse moyenne était de 5,5 nds, soit à peu près 8km/h et à ce rythme là c'est difficile de détaler en cas de mauvaise météo.
La stratégie était simple, quoi que, si on voulait du vent il fallait prendre la queue d'une dépression. C'est à dire être au sud de celle-ci, mais il faut savoir qu' elles peuvent être plus ou moins au nord ou au sud, comme on veut, en gros si t'es trop "haut" t'es dedans donc tu te prends une belle fessé et si t'es trop "sud" tu allumes ton moteur, plus de vent!
Voilà grosso modo l'enjeu d'une transat retour. Je résume(..) sans parler des effets de l'anticyclone des Açores...
Départ de St Martin:
Du 1er au 9ème jour: nous avons navigué au prés, avec beaucoup d'air mais le bateau se comportait bien, alors c'était cool. Au compteur, de belles moyennes journalières, 140, 150 miles, c'est correct. Le waypoint à l'est des Bermudes a été atteint rapidement, mais attention, plus on monte nord plus on rencontre les vilaines dépressions, c'est à partir de 30° nord que ça se gâte.
Du 10 au 13ème jour: on s'est fait prendre par l'anticyclone, il est monté nord, on était trop sud... on oscille entre peu de vent voire rien du tout. Mer d'huile. On décide de monter encore un peu plus nord pour se dégager et prendre du vent.
Quelle idée!!
La dépression en quelques lignes....
Le 14 et 15ème jour: surprise!! Une dépression va nous rendre visite!! On l'a vue sur les fichiers météo à bord de LouisaOne mais aussi annoncée par notre routeuse de diamant « Géraldine » qui nous a suivi à terre. Grand merci ma belle! Merci également à Xavier, gros boulot qui nous a beaucoup aidé pour la météo et le coatching des troupes!
Donc, le matin petit déj avec Lolo tranquille, météo plutôt calme, attention ça arrive, bof j'vois rien venir.
10h: pleines voiles ça fait du bien d'avoir un peu d'air après 3 jours de moteur.
12h: le vent monte on prend 1 ris (système pour réduire la voile),
13h: ça monte encore, on prend le deuxième ris et on installe la trinquette (petite voile d'avant),
14h: on prend le troisième et dernier ris,
15h: on prend un ris sur la trinquette, autant dire que dehors la mer se forme" bien comme il faut" et le vent forcit toujours, merde alors,
16h: après des surfs à 13nds on décide d'affaler complétement la grande voile. Il ne nous reste à l'avant qu'un bout de trinquette.
Avec Loïc on se regarde et on se dit que la nuit va être compliquée à gérer.
17h: c'est plus possible le vent monte encore, nous sommes toujours trop toilés sur l'avant, il faut réduire encore, le bateau avance à 10nds. On a peur de faire un trop gros surf et de partir au lof puis de se faire mettre au tapis par une vague.
La dernière cartouche pour nous c'est un mouchoir de poche de 5m carré que l'on met à l'avant et qui s'appelle……. Toumentin!! Je ne pensais jamais me servir de cette voile et bien c'est fait.
Nous ne sommes pas fiers, ça c'est sur!! Toumentin à l'avant et on avance à 8 nds avec des surfs à 13nds. La mer est déchaînée on n'a jamais vu ça, ou alors dans les livres. Les vagues sont tellement grosses qu'elles déferlent sur elles mêmes. Des murs d'eau verticaux de 8m qui s'écroulent juste derrière la jupe de LouisaOne. Là, franchement fffffffffffff c'est quoi l'étape suivante??
On s'organise à bien gérer le bateau y a que ça à faire, être présent et bien droit dans ses bottes.
La nuit sera bien sûr toute blanche .
Le lendemain rebelote, rien ne change, ni le vent, ni la mer...Ce n'est qu'en début de soirée qu'une amélioration se fera sentir. Pendant la nuit le vent tombera progressivement la houle aussi.
La dépression nous a semé, ouf.
Drôle d'expérience de sentir sa vie en danger!
Nous sommes fiers de nous, on a fait ce qui nous semblait bon de faire. Rien à regretter!
Mais à l'avenir on ne regardera plus jamais la météo de la même façon! C'est jolie une dépression qui s'enroule comme on peut le voir sur des photos satellites mais être dedans en voilier non merci!!
Fin de l'histoire.
16,17,18 et 19ème jour:
Nous reprenons notre routine de transat, c'est à dire crêpes-partie, crumble, pizzas, lecture, petit réglage de voiles par ci, pêche d'une daurade coryphène et de 2 bonites , jet d'une bouteille à la mer avec des dessins et des messages pour qui la trouvera, p'tit réglage de voiles par là, etc...
A 50 miles des Açores nous avons vu en premier le mont Pico, touchés droit au coeur, nous trépignons de bonheur, enfin la terre!! Le vent est de travers nous glissons à toute vitesse, hors de question de réduire la voilure, l'île grossit peu à peu, la nuit s'installe, dommage, mais c'est beau aussi la nuit, nous distinguons les éclairages des routes, des enseignes de magasins, on s'approche c'est l'heure enfin, c'est notre tour de toucher la terre. On vient de traverser l'océan Atlantique.
Merci Loïc, mon pote!!! Tout s'est bien passé même pas de prise de bec, rien, ou alors juste pour la forme histoire de ne pas perdre la main!!
Au programme, une bonne bière cher Peter, nettoyage du bateau, du repos et visite de l'île.
Les Portugais sont vraiment accueillants, l'ambiance dans le port est ....marine!
Que des cracks, comme nous!!!
Demain on remet ça (7/06) pour Lisbonne, 7 jours de mer.
Dernière ligne droite avant de retrouver mes petits équipiers et ma skipette préférée.
A plus. Greg.
